Entretien avec le Dr Matej Drobnič

Quelle est votre expérience de Ligamys en termes de résultat clinique?

Nous avons commencé à pratiquer des interventions avec Ligamys dans notre hôpital universitaire orthopédique en 2015. Le lancement de cette nouvelle stratégie de préservation du LCA a rencontré des obstacles logistiques, essentiellement lorsqu’il était question d’imagerie réalisée en temps utile et d’admission à l’hôpital. Compte tenu de la cohorte limitée de patients, les premiers résultats que nous avons obtenus étaient très bons, avec des taux de révision minimes. Et depuis, j’ai conservé Ligamys dans mon arsenal pour la chirurgie du LCA.  

«Et depuis, j’ai conservé Ligamys dans mon arsenal pour la chirurgie du LCA.»

D’après les données cliniques, les patients jeunes et les patients pratiquant un sport de manière très active présentent un risque plus élevé de re-rupture ou d’instabilité du genou. Pourquoi avez-vous décidé de les traiter avec Ligamys dans ce cas?

Je suis bien conscient des possibles re-ruptures après l’utilisation de Ligamys chez les athlètes de haut niveau. Ayant travaillé étroitement avec notre équipe nationale de saut à ski pendant quelques années, j’ai appris à connaître les particularités de ce sport. La coordination exacte des muscles en un quart de seconde sur le tremplin est d’une importance cruciale pour pouvoir réaliser une excellente performance sportive. Quand Ema Klinec s’est blessée pour la première fois en 2014, son autre genou a été opéré en utilisant une reconstruction du LCA par les ischio-jambiers. Malgré la stabilité du genou, elle a traversé une longue période de dysfonctionnement musculaire et n’a pas pu reprendre les compétitions de haut niveau pendant presque deux ans. Malheureusement, elle a eu une nouvelle blessure du LCA, cette fois-ci au genou gauche, en 2019. L’IRM a révélé une rupture proximale du LCA avec un moignon préservé. Nous avons donc commencé à parler de l’option Ligamys avec Ema et ses entraîneurs. Les sauteurs à ski de haut niveau ont une constitution asthénique ; leurs genoux sont relativement petits et ils ont tendance à exécuter un pivotement moins incontrôlé comparé aux joueurs de base-ball. Nous nous sommes mis d’accord sur l’utilisation de Ligamys, le rétablissement a été bien plus rapide, le résultat parfait et nous connaissons la suite de l’histoire. Encouragés par la réussite de l’opération d’Ema, nous n’avons pas hésité à proposer la même procédure à Urša Bogataj à 2020. 

Vous traitez de jeunes athlètes avec succès. Comment informez-vous ces patients avant une éventuelle opération avec Ligamys?

Avant toute discussion sur les avantages et les inconvénients de Ligamys, j’utilise d’abord l’IRM pour déterminer dans un premier temps si la procédure est faisable. Je suis encore réticent à proposer cette intervention dans le cas de sports de pivot agressifs, mais je la considère comme un traitement de grande valeur pour les genoux de petite à moyenne taille, sans instabilité majeure. Tous les patients ont besoin de comprendre que nous pouvons être contraints de nous résoudre à une reconstruction classique du LCA au cours de l’intervention.  

D’après le programme de rééducation Ligamys, le retour à la pratique du sport doit seulement être envisagé dans les six à douze mois après l’opération.  En outre, il est conseillé aux patients de se soumettre à un test de reprise du sport. Comment avez-vous réussi à équilibrer les plans d’entraînement pour Urška Bogataj et Ema Klinec avec les contraintes du traitement post-Ligamys?

Les sauteurs à ski, d’après mon expérience, sont des patients très impliqués, qui suivent les consignes à la lettre. Le début de la période post-opératoire avec Ema et Urša a été tranquille. Étant donné qu’elles avaient besoin toutes les deux d’une réparation méniscale, la phase initiale après l’opération a été d’autant plus lente.

«La reprise du sport a été en fait plutôt rapide.»

Au bout de 6 mois, elles ont passé des tests de laboratoire et sur le terrain, et après cela, elles ont entamé leur rééducation personnalisée spécifique à leur sport. À partir du moment où leur genou a été cliniquement stable et sans symptôme, nous n’avons plus réalisé d’IRM de contrôle. La reprise du sport a été en fait plutôt rapide et elles ont pu recommencer à pratiquer le saut à ski au bout de 7 mois. Depuis, elles ont réintégré les entraînements de routine avec les membres de leur équipe. Dans la mesure où les vis dynamiques du tibia ne les gênent ni l’une ni l’autre, nous n’avons pas insisté pour le moment pour les retirer.

Que pensez-vous du succès d’Urška Bogataj et d’Ema Klinec aux Jeux olympiques d’hiver de 2022 par rapport à Ligamys?

Avec toute l’équipe de saut à ski, j’ai été très impressionné et fier des résultats des deux filles. Ema Klinec est devenue championne du monde en 2021 et Urša a été tout simplement extraordinaire avec les deux médailles d’or qu’elle a remportées au Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022. Et ces résultats exceptionnels ont été réalisés à peine deux ans après l’opération. Je me souviendrai toujours d’un des premiers mots d’Urša Bogataj après son saut final qui a confirmé sa victoire olympique:
«Merci pour mon genou.»

Dr Matej Drobnič, nous vous remercions pour cet entretien!